Prise en charge de la femme en âge de procréer et de la femme enceinte

En âge de procréer :

Il est important de parler de contraception avec les femmes sous substitution. Il existe de nombreux cas où les femmes ont des troubles de règles liés aux opiacés et pensent donc ne plus pouvoir tomber enceinte, ce qui est faux. La substitution permet des reprises d’ovulation et des cycles plus ou moins normaux donc le risque de grossesse est élevé s’il n’y a pas de prise de contraception.
La découverte tardive de la grossesse (fréquent) pose des problèmes de suivi et donc augmente les risques lors de cette grossesse, en cas de consommation associée.

Grossesse :

Quelles peuvent-être les conséquences d’une dépendance aux opiacés chez une femme enceinte ?

La dépendance aux opiacés chez une femme enceinte est signe de grossesse à risque. Cela peut conduire à des conséquences particulièrement graves telles qu’une naissance prématurée de l’enfant, une souffrance foetale, une mort in utero, un syndrome de sevrage néonatal, une mort subite du nourrisson ou bien des troubles de la relation mère-enfant.

A savoir : Le manque d’héroïne est plus grave que la consommation d’héroïne. Il est donc nécessaire d’éviter le manque.

Les MSO sont-ils recommandés chez la femme enceinte ?

Oui, la prescription de MSO est fortement recommandée chez une femme dépendante aux opiacés ayant un projet de grossesse ou lors des deux premiers trimestres de grossesse. L’instauration d’une traitement par MSO est néanmoins discutée en fin de grossesse.
Ainsi, une grossesse débutée sous BHD ou méthadone ne nécessite pas d’interruption de traitement.

Faut-il préférer un MSO par rapport à un autre chez la femme enceinte ?

Non, les effets périnataux de la BHD et de la méthadone sont équivalents.

Une femme sous MSO peut-elle allaiter son enfant ?

De très petites quantités de buprénorphine et de ses métabolites passent dans le lait maternel. Ces quantités ne sont pas suffisantes pour éviter le syndrome de sevrage qui peut être retardé chez les nourrissons allaités. Après une évaluation des facteurs de risque individuels, l’allaitement peut être envisagé chez les patientes traitées par la buprénorphine.
La méthadone passe dans le lait maternel. La décision d’allaitement dépend de l’évaluation du rapport bénéfice/risque pour l’enfant. La méthadone pourrait prévenir chez le nouveau-né la survenue d’un syndrome de sevrage consécutif à une imprégnation opiacée in utero.

La grossesse d’une patiente dépendante aux opiacés nécessite un soutien pluridisciplinaire.
Le suivi est important car une posologie insuffisante du traitement de substitution aux opiacés favorise la consommation d’autres produits psychotropes (alcool, tabac).

Sources

Conférence de consensus, Lyon, 23-24 juin 2004. Stratégies thérapeutiques pour les personnes dépendantes des opiacés : place des traitements de substitution. Textes des recommandations
RCP Subutex® et RCP méthadone
Guide de l’addictologie en pharmacie d’officine, édition RESPADD, page 63, 2014