Les différentes questions à maitriser :
Quels types de mésusages peuvent être rencontrés à l’officine ?
On peut rencontrer avec la BHD :
- des injections intraveineuses et sniff, par poursuite des pratiques expérimentées avec l’héroïne et la cocaïne ou pour essayer de trouver un effet « flash » du MSO ;
- un usage concomitant et abusif de BZD, notamment chez les injecteurs de BHD, une majoration de la consommation d’alcool et/ou l’utilisation d’autres substances psycho-actives non opiacées ;
- une majoration des doses, des prises fractionnées dans la journée, des chevauchements répétés avec surdose possible ;
- des consommations associées, connues ou non du prescripteur ;
- un marché noir et trafic de BHD.
A savoir : Les mauvaises utilisations de la méthadone sont moins fréquentes en France du fait d’un cadre de prescription et de dispensation plus contraignant et de la présentation galénique du médicament.
Comment prévenir le mésusage ?
Il faut différencier le trafic des autres mauvaises utilisations, qui s’inscrivent plutôt dans les difficultés de parcours des patients et s’amendent au fil du temps si elles sont prises en compte :
- à l’initialisation du traitement, par une information précise sur le mode de prise du MSO, la durée d’action, les doses efficaces (prévention), les associations contre-indiquées ; (voir « comment gérer une nouvelle prescription ? »)
- au cours du suivi ultérieur, par une recherche vigilante des mauvaises utilisations, pour répondre rapidement par des adaptations du traitement (réévaluation des choix, modification du cadre thérapeutique). (voir « comment gérer une continuité de traitement ?« )
Comment réduire le mésusage ?
La réduction des mauvaises utilisations des MSO repose sur :
- le patient, qu’il faut individuellement aider à modifier son comportement, afin de le rendre acteur de son traitement, de stimuler sa motivation ;
- le médecin prescripteur, qui doit adapter le TSO, sécuriser ses prescriptions, avoir des contacts avec le pharmacien ;
- le pharmacien, qui doit s’inscrire dans un travail rapproché avec le médecin et respecter le cadre de dispensation légal des MSO ;
- les CSST et/ou les hôpitaux, dont les équipes multidisciplinaires (équipes de liaison) doivent constituer un recours pour les médecins de ville dans les situations difficiles ;
- les services médicaux de l’assurance maladie, qui doivent faciliter la mise en place de protocoles personnalisés de soins, repérer les situations faisant suspecter un mésusage et prendre contact avec les médecins et pharmaciens concernés.
L’implication des intervenants dans le cadre d’un réseau (formel ou informel) favorise la circulation de l’information (notamment par l’utilisation d’un dossier médical partagé), dans le respect du secret médical, et contribue à une meilleure prise en compte des mauvaises utilisations des MSO.
Que faire en pratique ?
- Dire au patient de ne pas arrêter le traitement ;
- Rappeler les risques liés à la mauvaise utilisation du traitement ;
- Rediriger le patient vers des structures (voir la partie « Orienter un usager de drogue ») ;
- Donner du matériel propre si le patient réalise des injections (voir la partie « Outils de réduction des risques »)
Sources
Conférence de consensus – Stratégies thérapeutiques pour les personnes dépendantes des opiacés : place des traitements de substitution